Cette histoire, qui forme l’une des parties du conte, est complète et achevée.
Une dernière relecture sera nécessaire, plus tard, quand toutes les parties du conte seront liées ensemble.
Merci d’être compréhensives et compréhensifs, avec les coquilles que vous ne manquerez pas de trouver…
D’ici là : bonne lecture ! ():-)
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VERSION POUR LES PARENTS
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Vassal des Quénetières, le vénérable berger allemand (FCI : Deutscher Schäferhund), l’un des membres non permanents du conseil de sécurité de la Grande Assemblée des Animaux, leva alors la patte pour demander la parole.
Tous les regards se tournèrent vers lui.
Beaucoup le connaissait de réputation, quelques uns avaient eu la chance de pouvoir lui parler, tous les respectaient : il avait 30 ans, une bonté et une sagesse extraordinaires, qui étaient reconnues de tous ; certains chiens traversaient le monde pour aller prendre conseil auprès de lui, et même certains membres d’autres espèces !
La parole lui fut aussitôt donnée.
– Ô vous, Frères et Soeurs, Mesdames et Messieurs de la Grande Assemblée des Animaux, permettez-moi de vous raconter une histoire qui, je le crois, pourrait faire avancer notre réflexion commune.
J’en ai eu connaissance voilà quelques années, et ce qui était alors simplement une anecdote fantaisiste par certains points, me semble prendre une dimension différente après avoir entendu ce que Louba Loubova vient de nous conter.
Dans mon histoire, il sera question de la différence qui existe entre l’obéissance servile due à l’usage de la peur, de la brutalité et de la violence en opposition à l’agrément que l’on accorde le coeur joyeux et léger au respect, à la tendresse et à l’amour ; il sera aussi question de ce qui fait de nous, les chiens (Canis lupus familiaris), des êtres authentiquement singuliers ; il sera ensuite question de responsabilité et d’engagement, et de ce que ces mots très forts représentent pour nous ; et enfin, il sera question du principe primordial de l’action : il faut toujours se lever pour proclamer bien haut ses valeurs à la face du monde, même si cela cause bien souvent tourments, batailles et même guerres.
Après une telle introduction, les travées bruissaient des chuchotements et commentaires de ceux qui étaient éblouis par cette introduction extraordinaire à la clarté sublime ; puis, tout comme l’Assemblée s’était mise à vibrer, elle se tue, et c’est alors un silence assourdissant qui s’étendit sur la vaste salle.
Vassal des Quénetières reprit alors son histoire :
– Ce jour-là, deux frères de mon peuple se promenaient avec leur maître humain (Homo sapiens sapiens) dans un parc, par un beau jour d’hiver. Dumbo Aberson, un pitbull (AKC : American Staffordshire Terrier AKC ; UKC : American Pitt Bull Terrier) noir et blanc de 3 ans, et Piki Peisch, un gros labrador (Labrador Retriever) chocolat de huit ans. Le maître donnait des ordres aux chiens, ceux-ci les exécutaient parfaitement et ils recevaient en récompense un petit bonbon. Les êtres vivants qui les croisaient, admiraient alors l’harmonie entre nos deux espèces. Chacun avait sa place, chacun s’en réjouissait. Mais soudainement Dumbo, le pitbull noir et blanc, découvrit du bon manger abandonné sur le sol à côté d’une poubelle, il s’y hâta avec Piki, le labrador chocolat, et ils commencèrent à manger le pain mouillé d’eau de pluie. Le maître, qui était à une petite distance pour les laisser libres de s’ébattre en paix, ne le vit pas aussitôt.
Je me permets d’ajouter cette remarque sur ce maître qui les laissait s’amuser dans un grand parc car, en effet, il y a tant de maîtres qui nous confinent dans des appartements exigus où nous attendons, seuls toute la journée, à nous retenir de faire nos besoins, en guettant la porte d’entrée, ce n’est pas une vie, même pour un chien habitué à souffrir auprès des hommes depuis des millénaires ; que diable, nous ne sommes pas des chats ! Dans toute autre assemblée, cette exclamation aurait causé un outrage immédiat qui aurait pu mener à la fin de la séance plénière, ici, il n’en fut rien, l’assemblée éclata de rire, les chats encore plus fort que les autres animaux, car dans ce lieu, tous étaient honnêtes et tous savaient fort bien que les chiens et les chats sont différents et ont besoin de conditions de vie fort différentes pour s’épanouir et prospérer.
Mais je reprends, le maître, donc, ne vit pas aussitôt de quoi il s’agissait, mais il s’approcha vivement par précaution et, comprenant, les houspilla sans tendresse. Il prit alors le pain dans bouche de Dumbo, le pitbull, et l’en sortit sans ménagement, il lui asséna alors deux coups sur la tête pour lui “expliquer” qu’il ne faut pas manger de la nourriture ainsi et qu’elle peut être empoisonnée. Toujours mécontent de son propre échec éducatif, l’humain qui ne pouvait pas se frapper lui-même, décida de continuer à punir son chien, il le souleva alors de terre par le cou et le collier, le fit tourner et le jeta méchamment au loin, au risque de lui briser les pattes ou de le blesser.
Il se tourna alors vers Piki, le labrador, et le força à s’allonger sur le dos en position de soumission, et alors qu’il suppliait de ses yeux tristes et apeurés de ne pas être puni, il reçut pourtant deux coups de pieds dans le ventre. À ce point de l’histoire, l’Assemblée pleurait, sanglotait, reniflait, en écoutant ces descriptions de la barbarie des hommes, et de ce qui rend l’espèce humaine si facile à haïr quand elle utilise sa force et son intelligence pour faire le mal, et vivre sans amour et sans coeur.
Vassal des Quénetières, majestueux, drapé de lyrisme absolu et d’emphase sublime, s’arrêta alors pour poser son regard impérial sur l’Assemblée “toute en entière” ; chacun retint son souffle devant tant de charisme, en attendant avec impatience la suite.
“À quelques pas de cette scène atroce se trouvaient deux bancs. Sur le premier, le plus proche de l’évènement, était assise une jeune humaine qui écoutait de la musique ; sur le second, un humain plus âgé admirait le coucher de soleil qui se produisait derrière une montagne éternelle. La femelle réagit aussitôt et le prit à partie :
– Mais faites quelque chose ! Ne restez pas amorphe ainsi ! (Le mâle sortit de ses rêves pour recevoir cette attaque frontale à laquelle il ne comprit rien.)
– Pardon ? demanda-t-il, simplement.
– Cet homme vient de frapper ses chiens sans raison, comme une brute, comme un sauvage, comme une pourriture ! Et vous ne faites rien !
– Madame, que voulez-vous que je fasse ? Ce sont ses chiens ! répondit-il, maintenant présent dans l’ici et le maintenant.
– Mais ce n’est pas possible, ce n’est pas parce que ce sont ses chiens qu’il faut laisser faire, cela ne se peut pas ! ajouta-t-elle, avec colère.
– Vous pourriez, vous, faire quelque chose, dans ce cas ? avança le mâle d’une voix très douce.
– Il a deux chiens et il est fort, alors j’ai peur. Je suis une femelle, et je n’ai pas honte de le dire. Et vous, quelle est votre raison ? Car vous parlez et vous ne faites rien de plus que moi !
– Je peux intervenir, c’est évident. Mais vous, voulez-vous ces deux chiens ?
Elle hésita un instant.
– Je ne comprends pas…
– Si j’interviens, ces chiens n’auront plus de maître, ils seront alors ici, seuls et abandonnés, dans ce grand parc. Je vous demande donc très sérieusement, voulez-vous les adopter ?
Elle resta interdite face à cette question inattendue.
Son regard alla alors dû mâle assis à côté d’elle, qui lui souriait gentiment, vraiment très gentiment, et qui attendait, jusqu’aux deux frères de mon peuple, qui tremblaient encore des coups reçus et essayaient à tout prix de retrouver l’affection de leur maître – à la manière qu’ont les enfants de toutes les espèces de tout faire et, malheureusement, tout accepter pour recevoir un sourire de leur mère, de leur père, ou, parfois, des deux.
– Oui ! affirma-t-elle soudainement, avec une voix qui disait aussi : je suis une humaine qui n’a qu’une parole et je ne suis pas que mots creux face au mal, je suis aussi geste ; qu’il s’agisse de la main qui console ou de la main qui gifle !
Le mâle passa alors ses doigts sur ses lèvres et siffla d’un son que nul chien n’avait jamais entendu jusqu’alors ; devant la beauté de ce sifflement, la jeune femelle sentit la chair de poule la couvrir entièrement du bout des orteils jusqu’aux pointes de ses cheveux : elle non plus n’avait jamais rien entendu de tel.
Dumbo et Piki s’arrêtèrent aussitôt, comme frappés par la foudre, ils se tournèrent dans le même mouvement vers la source de ce son magique, et, chose extraordinaire, ils hésitèrent sur la conduite à tenir, ce qu’ils n’avaient jamais fait depuis leur naissance. Le maître humain aussi avait entendu, il donna un ordre bref et sec en réponse. Mais la mélodie magique continuait, et les deux frères subjugués rejoignirent en courant celui qui les y invitait, laissant derrière eux leur maître incrédule. L’humain qui sifflait, se leva quand ils arrivèrent à son niveau ; instinctivement, ils se placèrent chacun d’un côté de lui, assis, regardant leur ancien maître venir en courant. Son visage était rouge de colère, menaçant, et il brandissait les laisses de cuir comme autant de fouets ! En réponse réflexe, ils se mirent à grogner et retrousser les babines devant cette menace, action de protection de leur propre vie, qu’ils n’avaient jamais osé esquisser auparavant. La jeune femelle s’inquiéta devant cette réaction ; l’animalité sauvage que cela dévoilait lui était parfaitement incompréhensible, elle lui fit donc grand peur ! Le maître s’arrêta à quelques pas, hésitant sur la conduite à adopter. Il s’excusa du comportement de ses chiens et s’apprêtait à les saisir de force au collier quand l’humain qui sifflait encore, s’interposa de la main et du mot :
– Ce ne sont plus tes chiens, frère humain, tu as perdu ce droit quand tu as levé la main sur eux ! Maintenant, rentre chez toi, et médite sur la leçon que tu viens de t’infliger à toi-même.
La jeune femelle poussa un petit cri de peur bien involontaire, étant sûre que les mâles allaient se battre devant elle ; mais l’ancien maître, jugeant son adversaire supérieur, sentant qu’il avait totalement perdu l’emprise sur ceux qui auraient dû être ses compagnons, mais n’étaient que ses objets de servilité, s’avoua vaincu aussitôt ; bien sûr, il repensa à l’argent qu’il avait dépensé pour avoir Dumbo, le pitbull, qu’il comptait bien revendre cher en Allemagne. Il regarda cet humain étrange, qui lui souriait gentiment, mais vraiment très gentiment, se rappela que tout cela avait eu lieu après un seul sifflement, celui-ci lui paraissait maintenant presque inhumain. Avec sagesse, il prit la décision de s’enfuir en courant, comme on court devant le diable lui-même.
Vassal des Quénetières s’interrompit alors, afin que tous les membres de la vénérable Assemblée en arrivent à penser la même chose : “Et alors, et ensuite ?”.
Il reprit donc, avec l’air gourmand et satisfait de l’orateur qui tient son public dans le creux de sa patte :
– La jeune femelle rentra ce soir-là dans son appartement avec les deux frères qu’elle venait d’adopter, ceux-ci y vivent encore et ont une vie merveilleuse d’amour tendre, d’enfants bienveillants et de chansons joyeuses.
» Je pense que ce mâle qui siffle est le même qui a croisé Louba Loubova, la petite guêpe commune (Vespula vulgaris).
» Je ne peux imaginer qu’il existe tant d’autres humains qui sifflent ainsi, et agissent ainsi.
» Si je ne me trompe pas, ces deux frères sont de la même ville que Louba.
» Les frères et les soeurs, tous les chiens, l’ensemble des chiens du passé, du présent et du futur, votent pour la nomination de cet homme au titre de Stupor Animalis, mais pas seulement, nous proposons aussi qu’il devienne le candidat officiel des chiens, au titre de représentant des homo sapiens sapiens.
Un silence stupéfait, et admiratif, suivit cette déclaration extraordinaire et solennelle !
Puis un hourra souleva la salle, qui en trembla du ciel jusque dans ses fondations ; et l’assemblée se leva comme un seul animal pour faire une ovation debout qui dura plus de sept minutes !
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VERSION POUR LES ENFANTS
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Vassal, le vieux berger allemand qui était le représentant des chiens auprès de la Grande Assemblée des Animaux, leva alors la patte pour demander la parole.
Tous les regards se tournèrent vers lui.
Beaucoup le connaissait de réputation, quelques uns avaient eu la chance de pouvoir lui parler, tous les respectaient : il avait 30 ans, une bonté et une sagesse extraordinaires ; certains chiens venaient de très très loin pour prendre conseil auprès de lui !
La parole lui fut aussitôt donnée.
– Ô vous, mes Soeurs, mes Frères, les chiens, Mesdames et Messieurs de la Grande Assemblée des Animaux, permettez-moi de vous raconter une histoire qui vous fera réfléchir.
J’en ai eu connaissance voilà quelques années, et si je n’y ai pas prêté davantage d’attention alors, ce que vient de nous conter Louba Loubova, me le rappelle.
Dans mon histoire, il sera question de la différence qui existe entre la méchanceté et l’amour ; de comment on peut bien s’occuper de nous, les chiens, qui sommes si loyaux et aimants ; et, enfin, je montrerai combien il est essentiel de protéger les faibles et les démunis, quand ils sont confrontés à une injustice.
Après une telle introduction, les travées bruissaient des chuchotements et commentaires de ceux qui étaient éblouis par ces mots à la clarté sublime ; puis, tout comme l’Assemblée s’était mise à vibrer, elle se tue, et c’est alors un silence assourdissant qui s’étendit sur la vaste salle.
Vassal reprit son histoire :
– Ce jour-là, deux chiens se promenaient avec leur maître humain dans un parc, par un beau jour d’hiver, de soleil et de neige. Dumbo, un pitbull noir et blanc de 3 ans, et Piki, une belle labrador couleur chocolat de huit ans. Le maître donnait des ordres à ces animaux, et ceux-ci les exécutaient parfaitement ; ils recevaient alors en récompense un petit bonbon très bon. Tous ceux qui les croisaient, admiraient alors l’harmonie entre l’homme et les chiens.
Soudainement, Dumbo vit du bon manger abandonné sur le sol à côté d’une poubelle, il s’y rendit en hâte avec Piki, et ils commencèrent à manger le pain mouillé d’eau de pluie. Le maître, qui était à une petite distance pour les laisser libres de s’ébattre en paix, ne le vit pas aussitôt.
Je me permets d’ajouter cette remarque sur ce maître qui les laissait s’amuser dans un grand parc car, en effet, il y a tant de maîtres qui nous confinent dans des appartements tout petits où nous attendons toute la journée, tout seuls, à nous retenir de faire nos besoins, en guettant la porte d’entrée, ce n’est pas une vie, même pour un chien ; que diable, nous ne sommes pas des chats ! Dans toute autre assemblée, cette exclamation aurait causé un outrage immédiat qui aurait pu mener à la fin de la séance plénière, ici, il n’en fut rien, l’assemblée éclata de rire, les chats encore plus fort que les autres animaux, car dans ce lieu, tous étaient honnêtes et tous savaient que les chiens ne sont pas des chats et ont besoin de conditions de vie fort différentes pour s’épanouir et prospérer.
Mais je reprends, le maître, donc, ne vit pas aussitôt de quoi il s’agissait, mais il s’approcha vivement par précaution et, comprenant qu’ils mangeaient des poubelles, les gronda sans tendresse. Il prit alors le pain dans bouche de Dumbo, et l’en sortit aussitôt, il le fâcha alors très fort pour lui “expliquer” qu’il ne faut pas manger de la nourriture ainsi et qu’elle peut être sale et pas bonne du tout ! Toujours fâché, l’humain donna des fessées au pauvre Dumbo, qui était maintenant tout triste.
Le maître se tourna alors vers Piki, et le fâcha aussi très fort. Fort, fort ! Il était pas content, pas content, pas content. Piki, qui reconnaissait ce regard, demanda “pardon”, mais c’était trop tard, elle aussi reçut des fessées fâchées.
À ce point de l’histoire, l’Assemblée pleurait, sanglotait, reniflait, en écoutant ces descriptions, car c’est toujours si triste de se faire fâcher, même quand on a fait une vilaine bêtise.
Vassal, beau et majestueux comme le roi des chiens, s’arrêta alors un moment dans son histoire, pour regarder l’Assemblée “toute en entière” ; tous les animaux étaient impressionnés et voulaient la suite de l’histoire.
“À quelques pas de cette scène très triste se trouvaient deux bancs. Sur le premier, le plus proche de l’évènement, était assise une jeune femme qui écoutait de la musique ; sur le second, un homme plus âgé admirait le coucher de soleil qui se produisait derrière une montagne éternelle.
La femme dit alors à l’homme :
– Mais faites quelque chose ! Enfin !
L’homme sortit de ses rêves pour recevoir cette question à laquelle il ne comprit rien.
– Pardon ? demanda-t-il, simplement.
– Cet homme vient de frapper ses chiens sans raison, comme un vrai méchant bonhomme ! Et vous ne faites rien !
– Madame, que voulez-vous que je fasse ? Ce sont ses chiens ! répondit-il, simplement.
– Mais ce n’est pas possible, ce n’est pas parce que ce sont ses chiens qu’il faut laisser faire, cela ne se peut pas ! ajouta-t-elle, avec colère.
– Vous pourriez, vous, faire quelque chose, dans ce cas ? avança l’homme d’une voix très douce.
– Il a deux chiens et il est fort, alors j’ai peur. Je n’ai pas honte de le dire ! Et vous, quelle est votre raison ? Car vous parlez, et vous ne faites rien de plus que moi !
– Je peux intervenir, c’est évident. Mais vous, voulez-vous ces deux chiens ?
Elle hésita un instant.
– Je ne comprends pas…
– Si j’interviens, ces chiens n’auront plus de maître, ils seront alors ici, seuls et abandonnés, dans ce grand parc. Je vous demande donc très sérieusement, voulez-vous les adopter ?
Elle resta interdite face à cette drôle de question.
Son regard alla alors de l’homme avec qui elle parlait, et qui lui souriait gentiment, vraiment très gentiment, jusqu’aux deux chiens qui tremblaient encore des fessées reçues et avaient peur que leur maître reste fâché pendant longtemps.
– Oui ! affirma-t-elle soudainement, avec une voix qui disait aussi : je suis sincère et je dis la vérité !
L’homme sur le banc, passa alors ses doigts sur ses lèvres et siffla une musique si magnifique qu’elle en devenait magique ; devant la beauté de cette mélodie, la jeune femme sentit la chair de poule la couvrir entièrement du bout des orteils jusqu’aux pointes de ses cheveux : elle n’avait jamais rien entendu de tel !
Dumbo et Piki s’arrêtèrent aussitôt, éblouis, ils se tournèrent vers celui qui faisait ce son magique, en se demandant ce qu’ils devaient faire. Le maître humain aussi avait entendu, il leur cria alors un ordre bref et sec de ne pas bouger. Mais la mélodie magique continuait, et les deux chiens ne purent résister : ils rejoignirent en courant celui qui les y invitait, abandonnant alors en une seconde leur méchant maître derrière eux. L’homme qui sifflait, se leva quand il les vit arriver vers lui. Dumbo s’assis tout contre sa jambe gauche, tandis que Piki se collait à sa jambe droite ; tout en regardant leur ancien maître venir en courant vers eux. Son visage était rouge de colère, menaçant, et il brandissait les laisses de cuir avec méchanceté, comme s’il se préparait à donner d’autres fessées ! Les deux chiens se mirent à grogner et retrousser les babines devant cette menace, pour dire qu’ils n’avaient plus peur du méchant maître maintenant. La jeune femme s’inquiéta un peu devant ces grognements, un chien très fâché, ça peut faire très peur ! Le maître s’arrêta à quelques pas, hésitant sur la conduite à adopter. Il s’excusa du comportement de ses chiens et s’apprêta à les saisir de force par les colliers quand l’homme qui sifflait encore sa belle mélodie, le repoussa du bras et lui dit :
– Monsieur, ce ne sont plus vos chiens ! Vous avez perdu ce privilège incroyable quand vous avez levé la main sur eux ! Maintenant, rentrez chez vous, ils sont bien plus heureux sans vous !
La jeune femme poussa un petit cri de peur bien involontaire, étant sûre que les deux hommes allaient se battre devant elle, et par sa faute encore. Mais l’ancien maître, jugeant son adversaire supérieur, sentant qu’il avait totalement perdu l’emprise sur ceux qui auraient dû être ses meilleurs amis, mais qu’il traitait si mal, s’avoua vaincu aussitôt ; bien sûr, il repensa à l’argent qu’il avait dépensé pour acheter Dumbo, qu’il comptait bien revendre cher en Allemagne après l’avoir dressé. Mais il regarda cet homme étrange, qui lui souriait gentiment, vraiment très gentiment, se rappela que tout cela avait eu lieu après un seul sifflement, celui-ci lui paraissait maintenant presque inhumain. Avec couardise, il prit la décision de s’enfuir en courant, comme on court devant le diable lui-même.
Vassal s’interrompit alors, afin que tous les membres de la vénérable Assemblée en arrivent à penser la même chose : “Et alors, et ensuite ?”.
Il reprit donc, avec l’air gourmand et satisfait de l’orateur qui tient son public dans le creux de ses coussinets :
– La jeune femme rentra ce soir-là dans son appartement avec les deux chiens qu’elle venait d’adopter. Dumbo et Kipi y vivent encore et ont une vie merveilleuse d’amour tendre, d’enfants bienveillants et de chansons joyeuses.
» Je pense que cet humain qui siffle est le même qui a croisé Louba.
» Je ne peux imaginer qu’il existe tant d’autres personnes qui sachent siffler et agir de cette manière pour protéger les faibles et les innocents.
» Si je ne me trompe pas, ces deux chiens vivent dans le même pays que Louba.
» Les frères et les soeurs, tous les chiens, l’ensemble des chiens du passé, du présent et du futur, votent pour la nomination de cet homme au titre de Meilleur Ami des Animaux, mais pas seulement…
Il laissa un souffle pour que chacun se prépare à la surprise qu’il allait créer :
» … nous proposons aussi qu’il devienne le candidat officiel des chiens, au titre de représentant des hommes dans cette honorable Assemblée !
Un silence stupéfait et admiratif, suivit cette incroyable proposition !
Puis un hourra grand grand, souleva la salle, qui en trembla du ciel jusque dans ses fondations ; et tous les animaux de l’assemblée se levèrent alors pour applaudir Vassal, de tout leur coeur !
ANNEXES
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LA GRANDE ASSEMBLÉE DES ANIMAUX
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A – Homo sapiens sapiens, représentants de 1930 à nos jours :
1930-1935 – Constantin Brâncuși (décès le 16 mars 1957)
1935-1940 – Robert Musil (décès le 15 avril 1942)
1940-1945 – Mohandas Karamchand Gandhi (décès le 30 janvier 1948)
1945-1950 – Albert Camus (décès le 4 janvier 1960)
1955-1960 – Rosa Louise McCauley Parks (décès le 24 octobre 2005)
1960-1965 – Bernard Buffet (décès le 4 octobre 1999)
1965-1970 – Martin Luther King, Jr. (assassiné le 04 avril 1968, ne finit pas son mandat)
1968-1973 – Johanna Arendt (décès le 4 décembre 1975)
1973-1978 – Albert Cohen (décès le 17 octobre 1981)
1978-1983 – Alexandre Issaïevitch Soljenitsyne (décès le 3 août 2008)
1983-1988 – Aimé Fernand David Césaire (décès le 17 avril 2008)
1988-1993 – Jean-Marc Benhaiem
1993-1998 – Nelson Mandela (décès le 5 décembre 2013)
1998-2003 – Simone Veil
2003-2008 – Douglas Tompkins
2008-2013 – George Clooney
2013-2018 – Élection en cours.
B – Membres permanents du conseil de sécurité
Baleine bleue (Balaenoptera musculus musculus), représentante actuel : Paula Miyazaki
Éléphant d’Asie (Elephas maximus), représentant actuel : Kâlidâsa Harshavardhana
Lion (Panthera leo), représentante actuelle : Chimamanda Bâ
Loup des steppes (Canis lupus lupus), représentant actuel : Alex Pouchkin
Tortue géante des Galápagos / Tortue de Española (Chelonoidis hoodensis), représentant actuel : Bartolomé de las Casas
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ORIGINE DES NOMS
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Louba Loubova (un nom féérique bulgare), pays : Thracia
Vassal des Quénetières (le roi des bergers allemands), pays : Gallia
Dumbo Aberson (prénom choisi par l’être le plus important de l’univers, ajout du nom de famille de l’écrivain de l’histoire originale, Helen Aberson), pays : Beringiia
Piki Peisch (nom du ptérodactyle Pickipeche, prononcé pikipeyss avec le cheveu sur la langue, et qui devient alors Piki Peisch, par mes soins ; en effet, elle ne pouvait pas aussi s’appeller Dumbo, malgré la demande formelle qui me fut faite), pays : Ostarrichi
Paula Miyazaki (fusion de Paul Watson, Hayao Miyazaki et féminisation), pays : Cipangua
Kâlidâsa Harshavardhana (écrivains célèbres, sanskrit), pays : Sindhu
Chimamanda Bâ (fusion de Chimamanda Adichie et Mariama Bâ, femmes écrivains), pays : Jeliba
Alex Pouchkin (un magnifique écrivain, un beau loup de steppes russes…), pays : Erossiya
Bartolomé de las Casas (un prêtre dont on se souvient encore cinq siècles plus tard ; un beau nom d’Amérique latine, pour une belle histoire), pays : Valdivia